Robert Roussier
Rober, installé dans la ferme dont il est propriétaire à Mallemort, est certifié AB par Ecocert France ( certificat disponible à la fin de cet entretien). Il nous parle de son métier.
Il fournit sur Marseille les deux paniers de Saint Giniez. Robert cultive (ne dîtes surtout pas "exploite") une superficie de 4ha dont 7 000m2 de serres avec deux salariés en CDI et deux saisonniers l’été.
Ses terres principales forment donc un grand champ de quatre hectares de maraîchage, dont trois de plein champ, entrecoupés de cyprès coupe-vent et sept mille mètres carrés de serres (ou « tunnels »). Les cultures sont arrosées grâce à un forage qui puise l’eau à quinze mètres de profondeur, évitant ainsi l’eau des canaux anciens qui arrivent du village.
Les légumes cultivés sont nombreux. Les plantes aromatiques fréquentes dans les paniers.
En plus de la culture d’une soixantaine de légumes différents, Robert accueille deux cents poules, qui courent toute la journée, grattent en plein champ et dorment sous une grande tente verte. Les gallinacées lui permettent de fournir une moyenne d’une demi-douzaine d’œufs intégrée chaque semaine au panier.
Robert fournit aussi des fraises et des abricots aux adhérents. Une vingtaine d’abricotiers bordent sa maison et la maison des poules, le tout surveillé par le chien Tango.
Enfin, Robert cultive quelques céréales et autres graines sur des terres du Vaucluse.
Robert produit lui aussi une partie de ses plants, essentiellement pour les plants non précoces. Des amis apiculteurs lui prêtent quelques abeilles qui, grâce à leur bourdonnement, facilitent le brassage des pollens et donc la floraison des aubergines, en serres notamment. Pour les tomates c’est plus difficile, les abeilles n’affectionnant pas particulièrement leurs fleurs.
Fils et petit fils de paysan, il commence sa propre activité agricole en 1980. Après une pause de quelques années pendant lesquelles il a été salarié, il se ré-installe à son compte au début des années 90, en association avec un autre agriculteur qui a pris une autre voix en 2007. Dans leur désir de sortir de l’agriculture intensive, et de vente en gros à des intermédiaires, ils sont rapidement séduits par l’agriculture biologique, et la distribution directe. Dès 1995, ils se lancent en distribuant dans les villages avoisinants des paniers bio dont les consommateurs choisissent la composition. Mais ce système montre vite ses limites, obligeant à trouver un intermédiaire entre de nombreux agriculteurs et les clients pour faire le lien entre "l’offre et la demande".
En 2003, Robert entre dans le réseau des AMAP qu’il quitte en 2007 pour participer à la création du réseau des Paniers Marseillais.
Il veut perfectionner le système de parrainage qui existait à l’époque où un agriculteur déjà dans le réseau aide un nouvel adhérent. Robert, fort de son expérience ancienne dans l’agriculture biologique, propose de devenir le « paysan conseil » des Paniers Marseillais. Il assiste régulièrement aux réunions du conseil d’administration des PAMA et ensemble ils réfléchissent aux différentes façons d’assouplir le système.
L’une des contraintes est le manque de vacances. Les journées sont bien remplies : entre l’entretien des légumes et celui des poules, la cueillette pour les deux soirs de livraison, le ramassage des œufs, puis les visites des autres paysans – au minimum quatre fois par an chacun – ainsi que les réunions d’échange et de partage, les stages de formation (à la gestion, à la culture, au compost notamment). Courant 2011, deux formations ont eu lieu sur l’étude des sols et les charges des paysans. Robert n’a pas le temps de réaliser toutes les idées qui lui passent par la tête : comment améliorer toujours et la qualité et l’échange entre paysans, que ce soit des anciens aux nouveaux comme des plus jeunes entres eux ; que ce soit les relations avec les adhérents des paniers et tout ceci avec en permanence le respect de l’environnement et la volonté de mieux faire.