Une pêche artisanale, sélective et durable au filet et à la palangre existe localement.
Boris Obolensky pratique une pêche artisanale dans la respect de la mer. Sur son navire construit en 1962, basé à Ensuès-la-Redonne et nommé Le Jean-Gérard, il s’applique à pêcher localement (Côte bleue), sélectivement (dans le respect de la diversité sous marine et selon les saisons), et a choisi le circuit court (les paniers) pour vivre de sa pêche.
Sa pêche lutte pour se maintenir face au rouleau compresseur de la pêche intensive des chalutiers et des senneurs, désastreuse pour les ressources halieutiques de la frange littorale. La petite pêche côtière ayant plus que jamais besoin d’être soutenue, l’idée lui est donc venue d’établir un circuit de vente court entre le pêcheur et le consommateur.
Il reste scandalisé par l’écart considérable entre le prix auquel la criée ou les mareyeurs achètent le poisson aux pêcheurs et le prix d’achat des produits de la mer que les consommateurs doivent payer en poissonnerie ou au supermarché. Il s’agit de rompre avec le système aberrant de la grande distribution qui commercialise du poisson issu en majorité de régions et d’océans lointains (atlantique nord, Irlande, etc.) et issu rarement de la pêche locale. Une pêche responsable durable, soucieuse de maintenir une diversité de la ressource locale en poisson.
Sa zone de pêche se situe dans sa totalité dans l’espace géré du Parc Marin de la Côte Bleue. Avec ses deux réserves intégrales et les différents récifs de sédentarisation et de reproduction de la faune sous-marine, l’équipe du Parc Marin mène une expérimentation unique en son genre : le maintien de la biodiversité sous-marine d’une frange littorale peuplée, exploitée par la pêche professionnelle, les pêcheurs d’oursins et la pêche de plaisance. Il travaille en collaboration constante avec les agents du Parc Marin, qui effectuent cette année une enquête exhaustive de « l’effet réserve » sur la taille et les quantités de poisson pêché par les professionnels. Il a, dès le départ, choisi de privilégier la grosseur des mailles de ses filets, lui permettant des captures calibrées de taille supérieure : par exemple des loups à partir de 750 grammes et plus, des daurades de 450 grammes environ. Les poissons plus petits, « poissons-portions » qu’affectionne la grande distribution et qui sont en fait de jeunes adultes passent au travers des mailles de ses filets... jusqu’à l’année suivante. Il a le souci de rejeter à la mer les espèces de poissons rares ou menacées qu’il capture , ainsi que les captures trop petites : grande roussette, baliste caroliensis, corbs... Il démaille soigneusement l’infortuné, le plonge un instant dans un seau d’eau de mer, puis le rejette à la mer.
Son navire n’embarque qu’une quantité limitée de filets. Il préfère poser plusieurs filets courts pour cibler le type de captures. Les sorties en mer étant limitées à quelques heures, les filets ne pêchent que dans des temps limités ce qui permet une sélectivité des prises et un moindre impact sur les écosystèmes marins. De plus, la capacité de pêche moyenne d’un navire tel que le sien est de 15 à 20 kg par jour. Sa consommation de gasoil est réduite. Ici on aime à dire « qu’on fait la journée avec un verre de gasoil ». Son moteur a une puissance de 30CV, c’est un moteur à quatre temps, lent et puissant, adapté au travail effectué.
Ses périodes de pêche sont saisonnières : les poissons comme le reste de la nature obéissent aux saisons.
Janvier, Février, Mars, autour de la pêche des loups et des soles ;
avril, mai, juin, c’est le moment de la « repasse » des daurades, sars, marbrés ;
juin, juillet, août, rougets, soupe et bouillabaisse... et
quelques crustacés ;
septembre à décembre au moment du passage des daurades ;
tout au long de l’année, merlans, maquereaux, bonites, liches, sévereaux...