La grande famille Péré
Installé à Saint-Gilles près de Arles, certifié AB par Ecocert France (certificat disponible à la fin de cet entretien) , la Famille Péré nous parle de son métier.
Quel est votre métier ?
Nous sommes agriculteurs.
Où se situent vos cultures ?
Nous nous situons sur la commune de Saint-Gilles aussi appelée Saint-Gilles-du-Gard, dans le département du Gard et la région Languedoc-Roussillon. Les terres que nous cultivons sont sur la partie nord (coté colline) de Saint-Gilles.
Présentez vos terres :
Pour commencer, sachez qu’à Saint-Gilles, il y a très peu de maraîchers car les terres sont très caillouteuses, elles sont belles pour faire de la culture hors sol et/ou cultiver des plantes à feuilles, mais concernant les racines c’est beaucoup plus difficile.
Nous louons 9 hectares de terres depuis 20 ans pour cultiver nos légumes. Les terres sont réparties en 2 fois 4 hectares et demi, séparées par une oliveraie.
Sur ces 9 hectares, nous avons 2 hectares de serres couvertes. Il faut savoir que la taille d’un tunnel (d’une serre) est entre 800 et 1000 m2. Et qu’en plus, sous serre on récolte deux fois plus qu’en plein champ !
Nous avons pu acheter à crédit 6 hectares, située sur les hauteurs de Saint-Gilles. Le crédit qui nous a été accordé a pu être obtenu notamment grâce aux Paniers Marseillais, les banques ont vu qu’avec ce type de système on avait un revenu assuré depuis plusieurs années. Sur ces 6 hectares nous avons planté des arbres fruitiers dont 3 hectares pour des abricotiers (vieux et jeunes) et un hectare pour des cerisiers.
Avez-vous pensé à acheter vos terres pour produire vos légumes ?
Vous savez, le foncier agricole est très cher, nous ne pourrions pas racheter les terres que nous louons et en plus je ne pense pas que nos propriétaires soient prêts à vendre.
Et vos légumes et fruits ?
Nous cultivons 80 variétés de légumes dont 14 de tomates. Nous avons aussi des fraises, cerises, melons et abricots. Nous avons 6 variétés différentes d’abricots !
Avec les abricots, nous avons produit pour la première fois l’année dernière des jus de fruit, très parfumés et très rapidement consommés !
Pour nous il est intéressant de réaliser des jus de fruit car ainsi on ne perd pas la matière mais en même temps ça nous coûte un peu cher de les mettre en bouteille.
Il y a deux ans nous avons planté du raisin ( muscat, cardinal, dattier de Beyrouth), on pourra normalement le ramasser l’année prochaine !
Pouvez-vous nous présenter vos poules ?
Nous avons une race pondeuse ’bourbonnaise’. Nous ramassons vers 12heures les œufs pour qu’ils soient distribués le soir même à Marseille. Nos poules pondent en moyenne 160 œufs par jour.
Tous les trois mois, on les change de maison. On nettoie, désinfecte et on utilise leur fumier qui sera mélangé à des copeaux de bois pour en faire du compost.
De 0 à 1 mois, les poussins sont chez nous, installés dans une poussinière, à un mois on les emmène dans leur poulailler équipé pour leur offrir à la fois protection contre le vent et libre parcours.
Les poules et poulets sont très fragiles des bronches : il faut donc faire très attention au climat et aux courants d’air. Les poules sont réparties dans différentes maisons en fonction de leur âge. Pour les plus petits, on ferme la grande porte et on leur installe des petites trappes à leur taille leur permettant ainsi de profiter de l’extérieur quand le temps le permet, sans que leur abri soit pour autant trop sujet aux courants d’aire. Pour les plus grands, ça dépend du temps, s’il fait grand beau on ouvre la grande porte, sinon elles se faufilent aussi par des trappes.
Les maisons des poules sont isolées (plastique, laine de verre, plastique) et il y a une cheminée centrale pour permettre une aération continue.
Et vos poulets ?
Nous avons en moyenne 300 poulets, race ’cou nu’ (utilisés pour leur viande). En réalité ce ne sont pas que des poulets. On a environ 50/50, moitié poulettes, moitié poulets. Les poulettes sont plus petites, même si elles mangent la même quantité que les poulets.
Ces 300 poulets/tes peuvent naviguer entre leur maison isolée et un extérieur de 12 500m2.
Il avait été prévu toute une installation pour nourrir automatiquement les poulets par des tuyaux reliés à un silo existant à l’extérieur des maisons mais une pièce centrale a cassé et n’a pas pu être changée tout de suite... De plus maintenant que nous nous sommes fait voler notre groupe électrogène, on ne peut pas l’utiliser car sur les terres nous n’avons pas d’électricité.
Parmi les animaux, n’oublions pas nos chiens : Fakir et Taylia
Depuis qu’ils sont avec nous, nous n’avons plus eu de vol à part le dernier (justement celui où nous avons perdu le groupe électrogène) où ils nous les ont empoisonnés...heureusement, ils s’en sont sortis.
Quel est votre parcours ?
Il faut savoir que nous sommes tous agriculteurs depuis plusieurs générations.
Avant nous cultivions en agriculture conventionnelle, essentiellement de la fraise (de mars à Noël) et un peu de petits pois et des pois gourmands. Et puis, depuis les années 90, Jean-René a commencé à travailler de plus en plus en naturel pour répondre à ses convictions et c’est comme ça que nous avons fait évoluer petit à petit nos cultures.
Pourquoi la bio ?
Nous sommes en bio par conviction. Depuis la fin des années 90, nous cultivons en naturel et nous avons le label bio depuis 2008.
Personnellement je préférerais continuer à travailler comme ça, et même de manière plus naturelle encore (en utilisant davantage mes propres semences, par exemple), totalement selon les exigences du label et même au-delà, mais sans ses inconvénients : paperasserie administrative (factures, compta, etc.), mais aussi coût (visites, contrôles, pertes de temps). L’administratif, ça me gène, c’est lourd pour des petites structures familiales comme la nôtre. Le bio et surtout le fait d’être en polyculture exigent beaucoup de main d’œuvre, d’attention, on fait, on refait, on adapte, c’est beaucoup plus exigeant que la monoculture. Chaque culture a besoin d’un savoir et d’un soin particulier. Et on passe de l’une à l’autre sans cesse, en ayant besoin d’anticiper toujours plusieurs mois à l’avance, avec en plus des contraintes liées à nos fournisseurs, sans parler des aléas climatiques...Anticipation, adaptation, multipliées par toutes les variations propres à chaque culture, c’est ce qu’impose notre choix de cultiver du bio.
Qui travaille avec vous ?
L’hiver nous sommes 6. L’été nous sommes 2 personnes en plus pour les légumes et une équipe de 4 personnes est embauchée pour les fruits.
Chacun sait ce qu’il doit faire et nous organisons notre travail en fonction des compétences et volontés de chacun.
Dans la famille Péré nous avons :
Mathieu le petit frère :
Le matin je m’occupe du ramassage des légumes et l’après-midi je participe à l’entretien des terres.
Loïc le grand frère :
Je réalise les travaux avec le tracteur, gère l’arrosage et les auxiliaires. Je prépare, fertilise et m’occupe du sol pour avoir de bonnes plantations. Je participe aux ramassages.
Jean-René le papa :
Je participe au ramassage, et observe avec précaution les terres pour donner les conseils d’entretien à l’équipe.
Trois personnes sont aussi là en permanence en plus de la famille Péré :
Djamila :
Je ramasse les légumes le matin et je participe à l’entretien des terres et décide avec Loïc et Jean-René du calendrier des plantations et des légumes à mettre dans le panier.
Mohammed (papa de Djamila) :
Je participe au ramassage et je m’occupe essentiellement du désherbage et des plantations.
Mohammed :
Je ramasse les légumes le matin et j’entretiens les terres l’après-midi (beaucoup de désherbage).
Comment organisez-vous votre travail ?
Du lundi à jeudi on se rend à Marseille pour distribuer les légumes. Du lundi ou jeudi nous ramassons les légumes pour les paniers du soir, le matin, puis nous les lavons et les préparons pour le grand voyage à Marseille. Vers midi nous allons ramasser les œufs et les mettre en boîte. L’après-midi et les autres jours sont consacrés à l’entretien des terres (désherbage, plantation, lutte contre les insectes, arrosage, rénovation des serres, etc.) et des animaux.
L’hiver, quand les conditions climatiques sont plus difficiles, on s’adapte au temps et on peut faire 2 à 3 jours de ramassage puis laver les légumes au fur à mesure qu’on prépare les paniers.
Le dimanche nous réalisons un grand tour des cultures et nous décidons de ce qui sera mis dans les paniers pour les trois semaines à venir. Il faut savoir que le planning de plantation est très aléatoire, le quantitatif peut aller du simple au triple. On a un prévisionnel sur au moins 6 mois des paniers qu’on pourra proposer et après on adapte en fonction.
Nous réalisons 48 livraisons par an pour chaque panier.
Quels sont vos circuits de vente ?
Les Paniers marseillais essentiellement et le marché d’Arles.
Depuis combien de temps travaillez-vous avec les PAMA ?
Depuis 2007, l’ouverture des PAMA.
Qu’est-ce que vous appréciez dans ce réseau ?
Le système est magnifique, c’est du direct consommateur/producteur. Il existe ainsi une véritable et une réelle transparence.
Cependant l’engagement, pour vous comme pour nous, nous oblige à remplir chaque semaine les paniers malgré les aléas, on a tout le temps l’esprit préoccupé par ça...Notre gros souci, c’est de faire en sorte d’être parfaitement équitables, que vous en ayez toujours suffisamment, et que pour autant nous ne perdions pas, nous, de l’argent.
Vous savez, aujourd’hui, on a environ 200 paniers pleins, mais il nous en faudrait 250 pour vivre bien. Nous travaillons avec 9 groupes, ça vous paraît beaucoup, mais en fait ils ne sont pas très gros...