Les abeilles battent de l’aile
09/02/2013 par Patrice Barrère Journal "L’Alsace", Rubrique France-Monde, environnement
Le taux de perte moyen des abeilles en France est de 30 %. Dans les zones éloignées des terres agricoles, il baisse à 10-15 %. Photo DL/Fabrice Hebrard
"L ’hécatombe dans les ruches devient alarmante et met en péril notre alimentation. Hier (8/02/2013), au chevet des abeilles malades, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a dévoilé son plan pour la filière apicole.
Il faut sauver le soldat abeille… Hier, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a présenté un plan de développement durable de l’apiculture pour 2013-2015. Il faut dire que les abeilles tombent comme des mouches et que la filière connaît une grave crise avec une production divisée par deux entre 1995 et 2012, s’établissant aujourd’hui à 16 000 tonnes.
Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes seraient à l’origine de l’hécatombe. Les insectes perdraient la tête sous un effet « Alzheimer », les empêchant de retrouver leurs ruches et causant des taux de mortalité important dans les colonies (N.D.L.R., la perte est aujourd’hui évaluée en France à 30 % par ruche).
Situation d’urgence
« Il y a urgence. Même si cela fait 17 ans, lors de l’arrivée des néonicotinoïdes, que l’on tire la sonnette d’alarme », explique Olivier Belval, président de l’union nationale des apiculteurs de France.
L’enjeu économique, agricole et environnemental est de taille. Vital ? Si les infatigables travailleuses venaient à disparaître, notre alimentation de produits végétaux se réduirait de 80 %. Kiwis, tomates, concombres, oignons… La plus grande partie de nos fruits et légumes serait impactée. Notre bol alimentaire se réduirait aux maïs, blé, riz… Un régime qui ne fait pas rêver. « La production agricole baisserait au moins de 35 %. Cela entraînerait un manque à gagner pour l’agriculture française de 2 milliards d’euros », souligne Olivier Belval.
La fin des abeilles aurait également un effet sur de nombreux écosystèmes. La flore sauvage qui nourrit de nombreux animaux dépend également de la pollinisation des insectes.
Hier, Stéphane Le Foll a annoncé qu’il mobiliserait 40 millions d’euros provenant de fonds nationaux et européens pour ce plan de sauvegarde de la filière apicole. Parmi les 115 actions proposées par le ministère de l’Agriculture, celles concernent l’impact des pesticides sont nombreuses. Des efforts sont ainsi annoncés pour mieux évaluer les risques des pesticides. Le plan admettant ainsi dans ce domaine des connaissances « lacunaires »… « Le Gaucho, ce n’est pas beau. Le Regent, c’est méchant. Et le Cruiser, c’est l’enfer… Certes, mais après ? », s’amuse à dire Joël Schiro le président du Syndicat des producteurs de miel de France. « Moi, je parle plutôt d’une catastrophe écologique globale dont on ne connaît pas le processus. Car les abeilles disparaissent également dans les montagnes éloignées des zones agricoles polluées ». Une arnaque
Stéphane Le Foll n’a apparemment pas convaincu les apiculteurs inquiets.
Même si le ministre a annoncé que les méthodes d’évaluation des pesticides seraient améliorées. « Le processus d’homologation de ces poisons, par exemple, est une arnaque », s’emporte Joël Schiro. Son homologue de l’UNAF Olivier Belval est, lui, resté sur sa faim : « La suppression en France des néonicotinoïdes n’a pas été annoncée. Il s’agit de mesurettes. Nous savons que la moitié de la perte dans les ruches provient de ces produits. Avec ce plan, on pousse les apiculteurs au casse-pipe ». "